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Le métro de Moscou est réputé à travers le monde, pour sa grandeur et la beauté de ses stations. Beaucoup de secrets entourent ce réseau de tunnels qu’empruntent, tous les jours, près de 9 millions de passagers. A l’aube du métro 2020 de la capitale russe, saviez-vous qu’un autre sous-terrain existait, sous la dénomination Métro 2, à Moscou ?
Bien loin d’être une légende, ce réseau de tunnels recèlent encore beaucoup de secrets. Entre mythe et réalité, nous avons voulu en savoir un peu plus. Aussi, nous avons décidé de creuser (très profond) ce sujet et y voir plus clair.
Sommaire
Métro 2 de Moscou : le plus secret de tous les tunnels
C’est sous l’ère Staline que ce réseau aurait été construit. En effet, le célèbre chef d’état et dictateur de l’URSS avait peur pour sa sécurité. Il prenait en permanence toutes les mesures pour se déplacer et minimiser les risques d’attentat à son encontre. C’est ainsi qu’il utilisait toujours en permanence trois berlines pour se déplacer. Chacune de ces voitures allaient dans des directions différentes, deux servant de leurre.
Mais cela ne suffisait pas pour Staline. Il avait besoin d’une solution encore plus radicale. C’est ainsi qu’est né ce projet : celui d’un réseau de tunnels top secret, en parallèle du métro « civil » existant.
C’est le KGB (service de renseignement de l’es-URSS) qui aurait été en charge de la construction de ce métro. Connu sous le nom de Metro-2, il portait le nom de code Д6 (D6).
Le point sur le plus secret des souterrains de Moscou
En tout, ce sont quatre lignes qui constitueraient le Métro 2 de Moscou. Le cœur de ce réseau est évidemment le Kremlin. On parle ainsi de tunnels présents entre 50 et 200 mètres de profondeur, avec une utilisation 100% militaire. L’idée était de se servir de ce métro en cas d’attaque (nucléaire notamment), pour l’évacuation de personnes importantes.
Il est difficile d’avoir des informations concrètes à son sujet, mais ce Metro-2 serait plus long que le métro public. Ils disposeraient de quatre lignes comme on peut le voir sur le schéma ci-dessous :
Comme vous pouvez le constater, le cœur de ce réseau est (sans étonnement) le Kremlin. Il relierait le Ministère de la Défense, les quartiers généraux du FSB (successeur du KGB) et d’autres installations stratégiques. Parmi elles, on parle de l’aéroport de Vnoukovo, de la ville militaire de Kraznoznamensk mais également de l’Université d’Etat de Moscou situé à Sparrow Hill (la colline des moineaux). On y trouverait une entrée pour accéder au souterrain.
D’autre part, Metro-2 serait accessible depuis au moins deux stations du métro public : Frunzenskaya (ligne 1) et Arbatskaya (ligne 3). Le plan de cette ligne D6 se constituerait de la manière suivante :
Bien évidemment, les autorités russes n’ont jamais confirmé l’existence officielle de ce souterrain. Cependant, il existe des indices qui tendent à prouver l’existence de ce réseau parallèle.
Métro 2 de Moscou : une légende aux caractéristiques bien réelles ?
Vous aurez bien cherché lors de votre visite de la capitale russe, vous ne verrez jamais aucune indication de l’existence de ce métro. D’ailleurs, les moscovites ignorent eux-mêmes qu’un tel réseau souterrain existe sous leurs pieds. Mais différents indices concordant nous montrent que la ligne D6 n’est pas une légende.
Un rapport du Département Américain de la Défense
C’est en 1991 que l’existence de ce Metro-2 commence à faire surface. Le Département Américain de la Défense publie alors un rapport évoquant la présence d’un réseau souterrain secret, réservé au gouvernement de Moscou.
Ce rapport expliquait, schéma à l’appui, que les Soviétiques avaient mis en place ce souterrain de manière à évacuer rapidement les dirigeants russes. Creusé très profondément (le rapport évoque ainsi des profondeurs allant de 200 à 300 mètres), cet ensemble de galeries devait garantir la sécurité en cas d’attaques et une évacuation rapide.
Ce réseau souterrain est interconnecté au sein de Moscou, mais également à l’extérieur de la ville. D’importants postes de commandement souterrains, dont l’un présent au Kremlin, sont ainsi reliés. On parle également d’un bunker souterrain adjacent à l’Université d’Etat de Moscou, ce qui explique une entrée. Ce dernier devait servir de poste de commandement en cas de guerre.
En tout, ces installations auraient une capacité d’accueil de 10 000 personnes environ.
Extrait de ce rapport de 1991 :
Métro 2 de Moscou : nouvelle confirmation de l’intérieur
Evidemment, alors que l’URSS est en train d’éclater, on pourrait penser à un coup de com’ des Etats-Unis. Mais un an plus tard, en 1992, le Métro 2 de Moscou refait parler de lui. C’est l’auteur et scénariste Vladimir Gonik qui parle de l’existence d’un bunker souterrain à Moscou, baptisé Metro-2. Cette nouvelle est publié dans le magazine russe Yunost.
Il y relate l’existence de plusieurs bunkers secrets et d’un chemin de fer souterrain qui les relie. Gonik affirme que son récit est basé sur des informations recueillies durant les 20 dernières années. Il a ainsi pu recueillir ces informations lorsqu’il travaillait comme médecin à la Polyclinique du Ministère russe de la Défense.
Toujours selon Gonik, ce réseau souterrain avait été construit de manière démesurée dans le but d’abriter les membres du Politburo. Il s’agit du Parti Communiste de l’Union Soviétique (PUCS). En cas de guerre, chaque membre du Comité central avait sa place, ainsi que les membres de sa famille. Chaque membre disposait d’un appartement souterrain de 180 mètres carrés, avec salle de bains, cuisine et bureau.
Autrement dit, selon les dires de Gonik, Metro-2 est bien plus qu’un chemin de fer souterrain. Il s’agit d’une véritable ville sous la ville !
Nouveau rebondissement en 2004 et 2008
Après ces événements, l’Histoire reprend son cours et le métro 2 de Moscou est peu à peu oublié de nouveau. Mais en 2004, Vladimir Shevchenko évoque de nouveau le sujet. Conseiller du président soviétique Mikhaïl Gorbatchev, de l’ancien président russe Boris Eltsine et de l’actuel président Vladimir Poutine, il connait bien le Kremlin.
Lors d’une interview, il confirme l’existence d’un souterrain et d’un réseau secret dans le métro de Moscou :
En 2008, le sujet revient sur la table, et Shevchenko apporte de nouvelles précisions :
Quel est fonctionnement du Métro 2 de Moscou ?
Evidemment, on n’en sait pas beaucoup plus sur le fonctionnement de ce réseau et le trajet exact. Cependant, on sait qu’il existe une jonction commune entre Métro-2 et le réseau commun public. Celle-ci se ferait un peu avant l’Université d’Etat de Moscou, derrière la station Sportivnaïa.
On sait également que le dernier segment de ce réseau secret a été achevé en 1997. Cela vient donc étayer l’hypothèse que Métro-2 est toujours fonctionnel et prêt à l’emploi. Les dires de Shevchenko sont donc à tempérer sur le fait que le métro du Kremlin ne soit pas vraiment fonctionnel.
D’ailleurs, puisque les deux réseaux communiquent, les infrastructures utilisées sont les mêmes. Les voies sont d’une largeur de 1524mm, mais avec une petite différence. Dans Métro-2, les rails sont noyés dans le béton :
Cela permet notamment aux véhicules de pouvoir circuler également. L’autre différence réside dans l’absence de rail de contact pour l’alimentation des rames. Encore une fois, cela facilite la circulation automobile dans le tunnel, notamment au niveau des aiguillages.
Pour ce qui est du matériel roulant, cela implique donc certaines contraintes. En effet, en l’absence de rail de contact, les trains ne peuvent être les mêmes modèles que ceux du service public.
Il existe deux types de machines :
- les premières électriques, disposent d’un accumulateur qui se recharge par contact. Lorsqu’elles disposent d’un rail de contact, elles peuvent atteindre jusqu’à 90km/h. En revanche, sur les parties sans rail de contact, elles font appel à l’accumulateur. Dans ce cas, la vitesse est réduite à 15km/h.
- on parle également de machines Diesel. Ici beaucoup moins de contraintes puisque totalement indépendantes d’un rail de contact. On parle d’une vitesse de déplacement de l’ordre de 60km/h.
Métro 2 de Moscou : de vraies preuves de son existence ?
Même s’il est difficile d’avoir des informations fiables et précises, tout va dans le sens de l’existence d’un second métro. Mais c’est réellement en 1994 que nous avons pu entrevoir la confirmation de ce réseau souterrain. C’est le groupe d’exploration urbaine Diggers of the Underground Planet qui affirme avoir découvert l’une des entrées de Metro-2.
Oubliez le faste des stations de métro de Moscou. Ce que nous découvrons ici est loin de ce que l’on peut imaginer. Mais à la vue de ces images, il faut croire que le métro 2 de Moscou est toujours fonctionnel et prêt à l’emploi.
Une part du mystère qui se révèle ?