Les mines de Potosi, l’argent des entrailles de la Bolivie

La Bolivie, vaste pays situé au milieu de l’Amérique du Sud. On pourrait croire ce pays perdu, mais il offre de nombreux trésors. Et c’est le moins que l’on puisse dire, avec les mines d’argent de Potosi.

Après la visite du Salar d’Uyuni, le passage par Potosi est incontournable. Et pour s’y rendre, quoi de mieux que de faire un trajet en voiture et découvrir la beauté des paysages boliviens, sauvages et brutes.

Bien loin de La Paz, c’est un panorama aride et inattendu qui va se dévoiler. Oubliez les paysages du lac Titicaca, c’est un tout autre univers qui se dévoile.

En route vers Potosi !

Sur la route de Potosi, Pulacayo

Dans notre périple bolivien, nous sommes partis de la ville d’Uyuni en 4×4. Les routes sont tout à fait correctes, mais il faudra compter tout de même 4 heures pour rejoindre Potosi. Mais ce petit “sacrifice” vaut le détour, car quelques surprises nous attendent sur le trajet.

Environ 30 minutes après avoir quitté le Salar d’Uyuni, nous faisons un arrêt, quelque peu surprenant. Nous sommes au milieu de la montagne et l’on peut se demander ce que l’on fait là. Une guérite et un engrenage peint en jaune s’offrent à nous, indiquant tout de même une présence humaine :

pulacayo Mines Potosi Bolivie

Nous voici arrivés dans la mine d’argent de Pulacayo. Tout du moins ce qu’il en reste. Car il s’agissait de la plus important mine d’argent du pays. Mais aujourd’hui, la situation a bien changé.

Alors qu’à la grande époque, près de 20 000 personnes étaient présentes sur ce lieu (travailleurs et leurs familles), aujourd’hui, tout juste 300 habitants sont encore les âmes de cette mine.

Une ville abandonnée

Ce qui frappe à l’entré du complexe, c’est la présence de gardes armés et cette impression d’abandon. De nouveau, des locomotives et un pont tournant attendent de retourner à l’état de poussière :

argent pulacayo Mines Potosi Bolivie

L’une de ces locomotives a été attaquée, en son temps, par Butch Cassidy.

Mines Potosi Bolivie pulacayo

On se croirait presque dans un western et il ne manque plus que l’apparition d’un cowboy solitaire.

Nous croisons quelques personnes, mais il faut reconnaître que la majorité des habitations sont abandonnées.

Pour une poignée d’argent

Nous arrivons jusqu’à l’entrée de la mine où quelques ouvriers travaillent. L’argent est encore extrait mais en quantité très faible.

On nous interdit d’aller plus loin. Notre guide Fernando est obligé d’appeler le directeur du site. Finalement, nous pouvons rester même si nous n’avons pas forcément l’impression d’être les bienvenus.

Mines Potosi Bolivie entrée pulacayo

Notre guide demande pour que l’on puisse visiter le musée. On sent une certaine réticence de la part du directeur qui visiblement a mieux à faire que d’ouvrir le musée. Finalement, nous n’insistons pas plus devant son manque de volonté.

Nous continuons tout de même notre visite du site. C’est l’occasion de découvrir les anciennes installations comme un cinéma au sein même du complexe ou encore la première locomotive à vapeur de Bolivie :

locomotive Mines Potosi Bolivie

Nous quittons finalement Pulacayo où ce sentiment étrange d’une ville fantôme est palpable.

Entre Uyuni et Potosi, la Bolivie sauvage

Nous reprenons la voiture, cette fois, direction Potosi. Trois heures encore sont nécessaires pour rejoindre cette ville. Les découvertes de la matinée et cette liaison jusqu’à Potosi sont toujours inclues dans le prix payé la veille, ce qui est largement honnête.

Le trajet est plutôt dépaysant et la route agréable. De nouveau, c’est l’Altiplano qui s’offre à nous, avec des paysages désertiques. Ici et là, on croise quelques villages, qui sont davantage le regroupement de quelques maisons.

On a vraiment l’impression d’être sur une autre planète…

Sur le trajet, on peut croiser des panneaux nous avertissant de la traversée de lamas :

altiplano Mines Potosi Bolivie

Et cela se vérifie assez facilement :

Mais plus étonnant, des autruches à l’état sauvage sont également présentes dans le secteur :

Nous en avons aperçu une en roulant, mais sans avoir eu le temps de la photographier…

Tout cela nous amène à Potosi.

Potosi et ses mines, l’argent en héritage

Mines Potosi Bolivie vue

Symbole de la ville, le Cerro Rico est l’emblème même de la grandeur et la décadence de la cité.  C’est en 1545 que Potosi est fondée dans le cadre de l’exploitation de la mine d’argent, fraîchement découverte. Ce sont les Espagnols qui exploitent les filons d’argent, en faisant travailler durement la population locale.

On raconte qu’une telle quantité d’argent a été extraite du Cerro Rico qu’il aurait été possible de construire un pont entre Potosi et l’Espagne, avec ce minérai. En parallèle, on aurait également pu construire un pont parallèle en utilisant les ossements des Indiens morts dans la mine…

Pendant des décennies, l’argent a donc été extrait, permettant le rayonnement de Potosi. Aux XVI et XVIIè siècles, il s’agissait de la ville la plus peuplée d’Amérique du Sud.

Mais les choses ont bien changé et aujourd’hui, Potosi ne rayonne plus autant. L’activité de la mine a ralenti, l’argent se faisant rare. Aujourd’hui, ce sont davantage le plomb, le zinc, l’étain et l’antimoine qui sont exploités.

L’attraction numéro une est d’aller visiter les entrailles du Cerro Rico. Mais attention, un véritable business s’est monté autour de ces visites, et pas forcément clean. On vous demandera ainsi de venir avec des “offrandes” (alcools, cigarettes, ….) pour éviter le courroux du monstre de la montagne. Vous ne ferez qu’aggraver la situation des mineurs encore présents.

Si vous souhaitez vraiment visiter l’une de ces mines, à l’atmosphère toxique, préférez donc une association de mineurs. Ils vous montreront la réalité de leur labeur et cela leur profitera directement.

La casa de la Moneda, les débuts de l’argent à Potosi

L’une des visites clés de cette ville est la Casa de la Moneda. Cet édifice a été inauguré en 1574 par les Espagnols et est resté ouvert à la production jusqu’en 1953. Son but était de frapper la monnaie grâce à l’argent extrait du Cerro Rico. Ce bâtiment a été le témoin des atrocités menées par les Espagnols durant toute l’époque colonialiste.

Mines Potosi Bolivie casa moneda

Pendant que les autochtones subissaient des conditions extrêmes dans les mines, les esclaves venus d’Afrique étaient “employés” dans l’usine pour le travail du métal.

La Casa de la Moneda vous offrira toute l’histoire, pas forcément glorieuse, qui se cache derrière la monnaie que nous manipulons tous les jours. Pensez à réserver votre visite, directement sur place, pour connaitre les horaires des visites guidées. Selon les guides, les horaires varient. Nous avons eu la chance d’avoir une guide qui maîtrisait la langue de Molière. Compter 40 bolivianos l’entrée et environ 2h de visite.

A noter que si vous souhaitez prendre des photos durant la visite, il vous faudra prendre un pass supplémentaire.

Potosi, un centre-ville tourné vers ses mines

En sortant, vous pourrez commencer à visiter la ville, ses maisons coloniales aux couleurs vives et balcons en bois. Pensez à prendre un peu de hauteur. Pour cela, rendez-vous à la Torre de la Compañía de Jesús.

torre Mines Potosi Bolivie

Une fois passée l’entrée, vous serez surpris de vous retrouver dans … l’office du tourisme. Il faudra vous acquitter d’un billet d’entrée (15 bolivianos) pour accéder au haut du clocher. Mais de là, vous aurez une vue incomparable sur toute la ville et ses alentours, et notamment le Cerro Rico :

vue Mines Potosi Bolivie
panorama Mines Potosi Bolivie

Pour y accéder, le couloir est étroit. Attention aux marches et baissez la tête !

centre ville Mines Potosi Bolivie
Mines Potosi Bolivie statue liberté

Prenez le temps de visiter la ville, avec la Plaza 10 de noviembre et sa cathédrale :

Continuez par la Callejón de las Siete Vueltas, puis la calle Junin. Vous passerez notamment devant une association d’anciens mineurs à la façade décorée :

Mines Potosi Bolivie

Revenez par la Calle Quijarro, qui vous offrira de jolies façades colorées typiques. Malheureusement, celles-ci ne sont pas entretenues suffisamment pour être appréciées à leur juste valeur :

Mines Potosi Bolivie rue

Quelques flocons commençant à virevolter ici et là, nous avons préféré retourner à l’hôtel pour récupérer nos bagages.

Nous avons commandé un taxi pour nous rendre dans la capitale Sucre. Si le prix annoncé de 200 bolivianos nous convenait, une fois à l’intérieur, le taxi a commencé à re-négocier le prix. Après d’âpres discussions, qui ont presque conduit à tirer le frein à main, notre chauffeur a fini par abandonner et a accepté le prix initialement fixé. La négociation est toujours présente en Bolivie !

Potosi, où dormir ?

La ville de l’argent contient de nombreux hôtels, mais il faut évidemment faire un tri. Car comme beaucoup de villes en Bolivie, il faut tenir compte du dénivelé et privilégier un hôtel dans le centre ville. Cela vous évite des allées et venues dans des côtes exigeantes. Il ne faut pas oublier que Potosi se trouve à 4050 mètres d’altitude.

De ce fait, nous avons choisi l’hôtel Patrimonio.

A deux pas de la Plaza 10 de noviembre, cet hôtel propose des chambres simples, un peu vieillottes mais propres et correctes. Un petit patio vous accueille à l’entrée. Le personnel est très agréable et disponible.

Comptez 55€ la nuit avec petit-déjeuner compris.

Où manger à Potosi ?

La ville ne possède pas énormément de restaurants. Nous avons néanmoins trouvé quelques endroits où se restaurer :

  • El Tenedor de Plata : juste devant la Plaza 10 de Noviembre, ce restaurant offre une cuisine correcte, au-dessus de la moyenne à Potosi.
  • 4060 : ce restaurant de spécialités mexicaines a pour nom l’altitude de Potosi.  Bon rapport qualité/prix.

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